Nous sommes tous les hérétiques de quelqu’un : les Catholiques romains les hérétiques des Orthodoxes ; mais Rome a eu l’amabilité de rendre à Constantinople la pareille ; les Protestants les hérétiques du Vatican ; mais aussi, les Anabaptistes les hérétiques des Réformateurs ; et une mention spéciale pour les Unitariens, ou les chers Quakers, hérétiques de tout le monde.
Après, voyons plus large et généreux : les Chrétiens hérétiques des Juifs ; les Bouddhistes hérétiques des Hindous ; les Turcs hérétiques des Chrétiens ; les Chrétiens hérétiques des Musulmans.
Ou bien encore, les Communistes hérétiques des Capitalistes avec une touchante réciprocité ; les Musulmans, les Catholiques hérétiques des Laïcs ; les Intégristes hérétiques des Interreligieux.
Et puis, les Mon-Beaufs hérétiques des Soixante-huitards ; les Femmes voilées hérétiques des Femmes en string ; les Protectionnistes hérétiques des Libéraux ; les Pesticidiens hérétiques des Ecolos ; les Contre-l’avortement hérétiques des Pour...
Et n’avons-nous pas tous nos propres hérétiques ? Bien à nous, personnels ?... Plus ou moins... intenses. Certes, nous ne les brûlons pas ni les tuons avec des armes. Mais les tuons-nous avec le mépris ? La moquerie ? Avec nos petites piques ou avec nos grosses machines ? Avec notre orthodoxie impitoyable.
C’est pourquoi la pratique du silence me semble indispensable : fermer ma g... ; écouter.