La Lettre des Amis - le bulletin des Quakers en France

La Lettre des Amis est publiée trois fois par an par le Centre Quaker International, une association loi 1901 à Paris. Elle est  distribuée gratuitement par courriel en format PDF.  Vous trouverez sur cette page quelques articles de la Lettre qui vient de sortir et des numéros précedents. Si vous souhaitez vous abonner au bulletin afin de le recevoir par courriel, envoyez un mail à lalettredesamis@quakersenfrance.org

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Cet article a paru dans La Lettre des Amis de juin 2016

Tous ceux qui rencontrèrent Sam Legg ont su tout de suite qu'ils étaient en présence d'un homme qui approchait la définition d'un « saint quaker » .

Que ce soit en cherchant à résoudre le problème de la famine d'après guerre en participant à l'expérience Minnesota de jeûne prolongé, que ce soit en aidant les enfants adolescents de ses amis en marchant avec eux autour du Mont Blanc, il s'engageait totalement dans les multiples projets qu'il s'assignait.

Il était frustré par le sentiment qu'étant objecteur de conscience il ne parvenait pas à alléger les souffrances causées par la guerre. Il a donc été amené à faire sur lui-même une expérience de famine pour pouvoir trouver la meilleure façon de nourrir ceux qui avaient été longtemps affamés. C'est à ce moment là que Sam perdit trois doigts en fendant du bois.

Cet accident, comme tout autre problème, ne le ralentit pas : il compléta sa participation dans l’expérience Minnesota, puis alla travailler avec l'organisation quaker américaine AFSC qui fournit de la nourriture à la population allemande près la guerre .

Il quitta l'église Épiscopale, devint Quaker, et en 1946 alors qu'il travaillait à Paris avec l'AFSC, il rencontra au Centre Quaker un ou plutôt une autre sainte, Edna.

Après la guerre, il s'embarqua dans l'éducation, et créa un lycée Quaker à Sandy Springs, Maryland ; il en fut le directeur pendant de nombreuses années. Puis il devint directeur des admissions dans l'état de Morgan. Son talent pour offrir des deux côtés de l'Atlantique son amitié et encourager des jeunes qui se sentaient perdus en aida beaucoup, et fut remarqué. Comme il ne faisait jamais les choses à moitié, Sam trouva le temps de se porter volontaire avec AFSC pour aller en mission aux États-Unis mais aussi en France, dans sa France bien-aimée où sa connaissance de la langue fut très précieuse.

Il ne manquait jamais une occasion d'exprimer son point de vue sur l'injustice et la guerre, et il fut fréquemment arrêté lors de manifestations pour les droits civils, contre la guerre au Vietnam, et contre les bombardements américains en ex-Yougoslavie. Même un terrible rhume ne l'empêcha pas, à l'âge de 87ans, de manifester à Washington contre la guerre en Irak.

En 1975, Sam et Edna prirent leur retraite à Gex, (dans le département de l'Ain) et ils devinrent visiteurs pour l'Assemblée de France, voyageant de longues distances pour garder le contact avec des Amis isolés. Tous les ans jusqu'en 2009, il revint en France pour assister à l'Assemblée Annuelle.

Ils devinrent rapidement les piliers du groupe Quaker de Genève. Sam représentait le comité pour la maison et le jardin de la Maison Quaker et on le trouvait fréquemment là, en train de peindre ou un marteau à la main.

Il participait également à des réunions internationales où il représentait QUNO (le bureau Quaker des Nations Unies), et pendant plusieurs années il donna son soutien à l'école d'été, même après son départ pour les États-Unis.

Ce retour aux États-Unis est un autre exemple de son dévouement envers ses proches. Après la mort d'Edna, même s'il avait du mal à se séparer de Genève et de ses alentours qu'il aimait tant, il décida de repartir s'occuper de sa soeur malade à Broadmead, la maison de retraite Quaker à Maryland.

Après la mort de sa soeur, et comme elle n'avait pas d'autres héritiers, il se trouva pour la première fois de sa vie avec les moyens de voyager par plaisir : et il se mit à voyager ! Il alla partout dans le monde, chaperonné par une ou deux jeunes amies, (filles de ses vieux copains), qui prenaient un grand plaisir à s'occuper de lui pendant les voyages.

* * * * *

Il eut des moments moins faciles avec ses deux enfants adoptés ; il n'a jamais caché sa déception de voir son fils choisir une carrière militaire. Sa fille devint une toxicomane en permanence, et seul quelqu'un comme Sam pouvait lui donner sans relâche autant d'amour, de temps et d'effort, dans une situation désespérée.

En résumé : « Il s'occupait de tout, aimait tout le monde et tout le monde l'aimait », d'après l'Histoire et le projet de biographie de l'Assemblée Annuelle Suisse. Sam Legg mourut le 2 Octobre 2011 à l'âge de 96 ans

-- Brigit Dommen, traduit par Katherine Humphries