Cet article a paru dans La Lettre des Amis de septembre 2014
Jamais je n’aurais pensé dans ma vie y compris dans mes rêves les plus fous, que je mettrais les pieds à Sarajevo, la « Jérusalem des Balkans ». Et pour moi l’ex-Yougoslavie est le symbole par excellence de la balkanisation, la manière dont on peut décapiter un pays. Les Serbes, Croates et Bosniaques étaient-ils contraints de vivre ensemble ? La guerre fratricide qu’ils se sont livrée il y a une vingtaine d’années avec des milliers de morts y compris des enfants, était-elle nécessaire ?
Pour moi je ne remercierai jamais assez Jeanne Henriette qui malgré ce long voyage a tenu le coup. Et c’est cette phrase qui a marqué mon séjour là-bas : « Regarde Freddy, il y a encore des traces de balles sur les murs de certains bâtiments mais Sarajevo se reconstruit ».
Un éloge à la reconstruction, une incitation à la non désespérance malgré les soubresauts et les vicissitudes de la vie : « Freddy, certes tu as tout perdu au Congo, ton métier, tes journalistes, ta radio, ta famille... Mais tu peux te reconstruire car rien ne vaut la vie. Et tant que l’on vit il y a de l’espoir ». En France, tu as des « Amis » qui t’aiment, t’accompagnent, sont solidaires.
La paix ce n’est pas seulement l’état de non guerre ! La paix c’est tout un état d’esprit et un savoir être et vivre.
Le fait d’avoir croisé plusieurs Quakers à Sarajevo pour « Peace Event » qui a eu lieu du 6 au 9 juin dernier est très encourageant.
Mais je crois profondément que le voyage de Sarajevo a ouvert mon entendement et mon esprit à comprendre que chaque pas dans la marche est important. Que tout peut se reconstruire dans la paix profonde avec soi. Il faut apprendre à se pardonner ses erreurs et égarements. A ne pas toujours se flageller pour ses fautes commises dans la vie. A ne pas demeurer accroché au passé mais à mieux s’accrocher au présent pour mieux préparer l’avenir.
La reconstruction est quotidienne. Et Jeanne Henriette à Sarajevo m’a fait passer un message simple mais qui a accaparé mon esprit tout au long de mon bref séjour : « Si une ville peut se reconstruire, l’homme aussi ».
--Freddy Mulongo