Un blog pour partager nos croyances, nos activités, notre histoire et nos engagements - un aperçu des Quakers en France.

Récemment, l’aînée du culte en ligne ce jour-là, a lu le n°9 de Conseils et Questions, qui commence par : « Durant ces réunions de recueillement ». Ce mot « recueillement » m’a toujours gênée car, pour moi, un recueillement est une méditation, ou une contemplation, donc quelque chose d’actif. Comme il est souvent difficile de saisir les nuances dans une langue qui n’est pas sa lange maternelle, j’ai entrepris à rechercher ce que veut dire le mot recueillement dès son origine.

Le mot recueillement existe depuis 1660, et d’après le Littré et le Robert, a trois sens. Premièrement, une action : le fait de concentrer sa pensée sur la vie spirituelle en un détachement de toute préoccupation terrestre. Deuxièmement, un état d’esprit qui nous isole du monde extérieur pour se concentrer sur la vie intérieure. Et troisièmement, le recueillement est un respect quasi religieux.

On pourrait écrire le premier sens dans un langage de tous les jours comme « aidez-moi à faire le ménage, la personne externe est déjà là. » Le deuxième serait « c’est moi qui fait le ménage tout seul, qui balaie mes préoccupations pour me concentrer sur un résultat ». Pour moi, aucune de ces définitions n’est satisfaisante : je vois nos réunions comme une attitude expectative. Est-ce que vous vous souvenez de l’histoire de Samuel ? Il dormait près d’Isaac, son maître aveugle dans le temple. Pendant son sommeil il entendit une voix qui l’appelleait par son nom, « Samuel ». Il se leva et alla vers Isaac qui l’assura ne pas l’avoir appelé et lui conseilla de retourner dormir. Il se rendormit, et une deuxième fois il entendit « Samuel ». Il se leva de nouveau et alla vers Isaac, qui de nouveau le renvoya dormir. La troisième fois qu’il entendit « Samuel », Isaac comprit enfin que c’était Dieu lui-même qui appelait Samuel. C‘est cela qui se passe pendant nos réunions : nous sommes dans l’attente de recevoir Dieu, ou l’Esprit-Saint, ou la Lumière Intérieure. Et je ne trouve pas que cette attente puisse être traduite par « recueillement ». Cette attente, pour moi, est celle que décrivent des mystiques comme Maître Eckhart ou Sainte Thérèse d’Avila.

Il y a une autre phrase dans ce conseil n°9 dont la traduction en français n’est pas tout à fait claire : au lieu de dire « Remets-toi et toutes tes préoccupations » car « je me remets toujours de quelque chose », on pourrait réécrire cette phrase « Abandonne-toi dans la Lumière sous la direction du divin, afin que toutes tes préoccupations voient « le mal en toi s’affaiblir et le bien croître » (citation tirée de l'Apologie de Robert Barclay).

Mais vous vous demandez peut-être pourquoi discuter et réfléchir sur des mots ; il y a tellement de problèmes urgents dans le monde d’aujourd’hui que c’est l’action plutôt qu’une discussion sur les mots qu’il faudrait, n’est-ce pas ? Souvenons-nous de l’Évangile de Jean, chapitre 1 « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu », c'est-à-dire que le Verbe précède toute action. Et dans la Genèse, l’innommé n’existe pas, car Dieu nomme tout. La parole inscrit l’homme dans le symbolisme, sinon on reste dans le monde animal qui fonctionne par instinct. Notre silence quaker n’est donc pas une simple méditation. C’est une activité tournée vers l’écoute d’une parole.

Finalement, regardons l’action et l’activisme : il y a une différence entre ces deux mots. La réflexion des quakers conduit à l’action, car la parole donne le sens. Mais si on commence par l‘activisme, sans donner un sens à cette action, il s’agit alors d’ une action qui n’est pas planifiée et ne peut qu’être momentanée.

« Les Amis ne considèrent jamais le culte comme une activité individuelle. Ceux ou celles qui considèrent le culte quaker comme une occasion pour la méditation commettent une erreur dans leur appréciation des choses. L’attente et l’écoute sont des activités dans lesquelles tous s’engagent et qui produisent un ‘ministère de la parole’ qui aide à trouver un sens commun où le Saint-Esprit est perçu ou appréhendé comme donnant une essence au groupe. Ainsi, l’attente et l’écoute font partie du vécu formant un sens commun. C’est pourquoi les Amis recommandent le ministère du silence et insistent sur l ' « importance de participer régulièrement au culte » »(Quaker Faith and Practice 2.37, John Punshon).

— Myfanwy Thomas

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